Les différences entre l’ancien et le nouveau modèle Kirkpatrick

Les professionnels de la formation professionnelle qui pensent connaître le modèle de l’évaluation de la formation Kirkpatrick se trompent souvent.

En 2010, le modèle a été mis à jour par le cabinet Kirkpatrick Partners et, douze ans après, il continue à étonner les professionnels qui croient tout savoir sur l’évaluation.

L’ancien modèle Kirkpatrick

Tout d’abord, Donald Kirkpatrick, qui a donné son nom au “modèle”, n’a pas inventé de modèle en tant que tel.

En réalité, il a écrit quatre articles distincts pour une association professionnelle de la formation professionnelle aux États-Unis dans les années 50.

Après avoir publié les articles, il les a vite oubliés, et il est retourné à son travail en tant que directeur d’un Institut de Management.

En réalité, ses articles ont eu un impact durable et notable sur les professionnels de la formation. Ils ont été regroupés pour faire quatre niveaux et, presque 70 ans après, une confusion sur le modèle existe encore.

Voici le modèle Kirkpatrick le plus connu :

Les problèmes avec l’ancien modèle de l’évaluation Kirkpatrick

Cette présentation du modèle a induit des problèmes d’interprétation :

1.     Le fait que le niveau 1 est en haut a tendance à pondérer ce niveau en tant que niveau le plus important. C’est faux – la réaction (ou satisfaction pour les novices) est considérée comme le niveau le moins utile par les experts.

Faisons un pari : imaginez que vous offriez un bon repas le midi à un apprenant, que vous lui serviez des cafés avec des viennoiseries pendant les pauses, que vous lui fassiez passer une formation dans une salle avec une vue magnifique sur Paris, et que vous lui permettiez de partir un peu plus tôt pour éviter le trafic.

Vous savez bien que si vous faites tout cela, vous allez avoir un apprenant plus satisfait qu’un autre qui n’a pas bénéficié du même service, même si le formateur et les supports ont été les mêmes. Donc la satisfaction peut être variable selon la nature humaine.

C’est uniquement dans la quantité qu’elle devient objective et utile. Les experts de l’évaluation savent qu’il faut évaluer la réaction, mais préfèrent passer plus de temps et de ressources sur les autres niveaux.

2.     Ce modèle est un immeuble – si l’on voit le niveau 1 en premier, on pense qu’il faut traiter le niveau 1 en premier, puis le 2, puis le 3 et le 4 à la fin. C’est l’opposé de ce qu’il faut faire.

Il faut absolument commencer par le niveau 4 et s’occuper des résultats en premier, tout au début du projet de formation. Essayer de mesurer les résultats une fois la formation passée est juste impossible. Mais comme l’on voit le niveau 4 en bas, le cerveau a tendance à croire qu’il faut s’en occuper en dernier.

3.     Un immeuble avec juste quatre mots manque de précisions quant à ce que recouvre chacun d’eux. On peut effectivement évaluer pas mal de choses au sein de chaque niveau. Justement, au sein du niveau 1, il n’y a pas que la satisfaction. Au sein du niveau 2, il n’y a pas que les connaissances et les compétences.

Au sein de chaque niveau, il y a en effet une quantité de méthodes et de moyens d’évaluation qu’un simple immeuble ne peut pas prétendre nous donner.

4.     Comme c’est simple à comprendre, c’est aussi simple pour les gens de croire qu’ils ont tout compris et qu’ils savent faire. Minimaliste ne veut pas dire expertise.

Quand on voit un joueur de golf taper la balle, on a l’impression que c’est facile – mais dès que l’on prend un club et que l’on essaie pour soi-même, la réalité est toute autre. Connaître par coeur les quatre mots ne veut pas dire que l’on sait faire de l’évaluation.

2010 : Lancement du nouveau modèle Kirkpatrick par Kirkpatrick Partners

En 2010, le cabinet Kirkpatrick Partners, dirigé par Jim, le fils de Donald, et de Wendy, l’épouse à l’époque de Jim, en ont eu assez de voir le modèle être mal utilisé. Pour les raisons évoquées ci-dessus, ils ont publié le nouveau modèle (NEW WORLD MODEL) que vous pouvez voir ci-dessous :

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Les différences avec le nouveau modèle Kirkpatrick

Quelles sont les différences que vous voyez ? Vous serez étonné par le détail.

1.     Déjà, il n’y a plus d’immeuble. Un dessin autrefois vertical est devenu “plat”. Les relations entre les niveaux ont subitement changé. Nous constatons que les niveaux 1 et 2 sont regroupés, ceci pour renforcer le fait que la relation entre les deux est très forte. Nous constatons après que les niveaux 3 et 4 sont proches pour les mêmes raisons.

Il y a du blanc entre les niveaux 1 et 2 et le niveau 3. Pourquoi ? Car cela représente le fait que dans l’évaluation il y a un écart à dépasser – trop souvent nous ne faisons que tester la satisfaction, les connaissances et les compétences et cela s’arrête là.

Aussi, une fois que la formation est terminée, il est trop tard pour revenir en arrière ! On ne peut donc agir que sur les niveaux 3 et 4.

2.     Vous avez sûrement noté aussi les flèches. Une grande flèche noire va de gauche à droite des niveaux 1 et 2 vers le niveau 3. Pourquoi ? Car les Kirkpatrick veulent que même dans le 1 et 2, nous nous projetions vers le 3 et ce qui se passe post-formation sur le poste de travail. Et encore une fois, quand la formation est passée, nous ne pouvons pas aller en arrière.

L’autre flèche va dans les deux sens. Pourquoi ? Car il y a une relation de cause à effet entre les niveaux 3 et 4. Si un nouveau comportement appris dans une formation change sur le poste de travail (niveau 3 – Comportement), cela aura un effet sur l’indicateur de suivi qui mesure ce comportement (niveau 4 – Résultat). Si l’indicateur ne bouge pas, c’est parce que le comportement n’a pas bougé non plus.

3.     Ce message est renforcé par le gros pavé orange autour des niveaux 3 et 4 intitulé “Contrôler et Ajuster”). Justement, il faut contrôler (en mesurant) et il faut ajuster en conséquence. L’accompagnement post-formation n’est pas une science – il s’agit de suivre et de faciliter la mise en œuvre des comportements des apprenants – et cela peut être très variable en fonction de la réalité du terrain.

4.     Enfin, vous avez sans doute remarqué qu’au sein de chaque niveau il y a des composantes. Cela permet de renforcer la richesse du nouveau modèle. Non seulement nous prenons note des composantes dont nous connaissions déjà l’existence, mais il y en a des nouvelles. Chaque niveau est abondé.

C’est ici que chaque professionnel de la formation doit se poser la question – puis-je comprendre le sens de chaque composante ? Soyez indulgent avec vous-même, il n’y a en réalité que les certifiés Kirkpatrick qui les connaissent bien.

Un visuel ne vous dit pas tout !

En conclusion, un visuel ne peut pas nous rendre expert. Mais ce nouveau visuel – plus riche, plus coloré, plus explicatif – doit au moins vous mettre en garde quant au fait que, pour bien évaluer, il faut au moins prendre connaissance du bon modèle Kirkpatrick.

Pour justement découvrir en détail ce nouveau modèle et comprendre comment bien l’utiliser dans le cadre de l’évaluation de vos formations, nous vous invitons à prendre connaissance du Programme de certification à l’évaluation Kirkpatrick Four Levels® – Niveau Bronze. Vous pouvez vous former en inter ou en intra, en présentiel ou à distance.

Auteur : Joss Frimond

Joss Frimond est tombé dans le bain de la formation professionnelle en 2000, et il n’a jamais réussi à s’en sortir.

Ayant démarré sa carrière dans un organisme de formation en langues, il a créé le cabinet Linguaid en 2006 afin d’accompagner tous les acteurs du marché de la formation professionnelle.

De nationalité franco-britannique, marié avec 3 enfants, fanatique de golf, Joss utilise sa créativité pour innover de façon incessante dans un marché en pleine évolution.

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