Qu’est-ce le modèle Kirkpatrick ?


Le modèle Kirkpatrick, autrement appelé les quatre niveaux de l’évaluation de la formation, est le modèle d’évaluation des formations le plus connu dans le monde. Né dans les années 50, il est un outil élégant et simple qui permet à tout acteur de la formation professionnelle de prendre conscience de l’importance d’évaluer ses formations et de la façon de s’y prendre.

Le monde de la formation professionnelle a besoin de professionnalisation et de valorisation, et le modèle Kirkpatrick permet aux responsables de formation, aux organismes de formation et aux formateurs d’évaluer leurs formations, d’en analyser et d’en démontrer les impacts.

Le modèle a évolué sous trois formes distinctes.

La naissance du modèle Kirkpatrick


Tout d’abord, Donald Kirkpatrick n’a pas voulu créer un modèle, ni d’ailleurs un modèle qui portait son nom. À l’origine, il travaillait en tant que directeur d’un organisme de formation attaché à l’Université de Wisconsin aux États-Unis.

Étant connu pour ses recherches (il a publié une thèseEvaluating Human Relations Programs for Industrial Foremen and Supervisors), l’association américaine de la formation professionnelle (à l’époque l’ATSD – American Society for Training & Development, désormais l’ATD – Association for Talent Development) lui a demandé d’écrire un article sur l’évaluation.

Il a répondu en écrivant quatre articles séparés. Il les a écrits en se basant lui-même sur les travaux du psychologue spécialisé en organisation systémique, Dr Raymond Katzell.

Ces quatre articles ont été livrés et publiés, et Donald est retourné à son institut sans une autre pensée.

La création du premier modèle Kirkpatrick


Suite à la publication des quatre articles, les lecteurs ont commencé à mettre en application eux-mêmes les conseils au sein de leurs organisations.

Le modèle Kirkpatrick était né ! Prenant la forme d’un immeuble, voici le modèle avec les définitions officielles pour chacun des niveaux :

Niveau 1 – Réaction À quel point les participants réagissent-ils favorablement à l’événement d’apprentissage.
Niveau 2 – Apprentissage À quel point les participants ont-ils acquis les connaissances, compétences et attitudes visées suite à leur participation à l’événement d’apprentissage.
Niveau 3 – Comportement À quel point les participants mettent-ils en pratique ce qu’ils ont appris lorsqu’ils sont de retour à leur poste de travail.
Niveau 4 – Résultats À quel point les résultats visés sont-ils atteints grâce à l’événement (aux événements) d’apprentissage et au renforcement subséquent.

Au fur et à mesure de sa carrière, Donald Kirkpatrick a fait évoluer le modèle et son application, au travers de son travail au sein de l’Institut de Management mais aussi en tant que directeur de formation dans le secteur de la chimie. Il a été également nommé président de l’ATSD.

Il a publié plusieurs livres, dont trois éditions de Evaluating Training Programs: The Four Levels.

Donald Kirkpatrick reste connu en tant que créateur du modèle, même s’il a évolué depuis, et même si son intention initiale n’était pas d’en créer un !

Comment se fait-il que sa série d’articles soit naturellement devenue un modèle qui est enseigné au sein des universités et utilisé par des entreprises partout dans le monde ?

Sans doute par sa simplicité. Sans doute par sa vérité.

Phase 3 : Le nouveau modèle Kirkpatrick


Ces quatre mots ont requis beaucoup d’ingénierie et encore plus d’implication. L’évaluation nécessite l’engagement et la participation de beaucoup d’acteurs dans une approche collaborative et participative.

C’est pour cela que le nouveau modèle Kirkpatrick est né.

En 2010, un transfert générationnel a eu lieu. Le fils de Donald, Jim Kirkpatrick, et sa belle-fille, Wendy, ont mis à jour le modèle car, malgré les œuvres et le travail de Donald, le modèle originel était mis en œuvre avec des erreurs ou faisait l’objet de trop d’incompréhensions.

Vous trouverez le nouveau modèle (New World Model) en face.

Vous pouvez prendre connaissance des différences entre les deux modèles via un article sur notre blog ici.

Le modèle Kirkpatrick en France


Le modèle Kirkpatrick est généralement enseigné dans les formations initiales à l’université pour des étudiants en ressources humaines et en formation. Ceci dit, cela reste souvent très théorique et basé sur l’ancien modèle.

Dans sa thèse de doctorat en sciences de gestion intitulée : Évaluation de la performance de la formation en entreprise par une approche systémique puis dans son livre L’évaluation de la formation publié chez Dunod (première édition en 2013), Jonathan Pottiez promeut le modèle Kirkpatrick comme référence à adopter au sein des organisations privées et publiques en France.

En 2013, Jonathan et Joss Frimond deviennent les seuls facilitateurs francophones des programmes de certification à l’évaluation Kirkpatrick Four Levels® – Niveau bronze et argent.

À ce jour, des responsables de formation d’organisations mondialement connues telles que Orange France, Société Générale, BNP Paribas, Ouest France, Rolex, ADP, AKTO, les Caisses Desjardins, l’Union européenne, CHU, L’Oréal ont suivi ces certifications, permettant au marché français d’exploiter le modèle et ses bénéfices dans tout type de formation.

Par ailleurs, Jonathan et Joss continuent à promouvoir le modèle Kirkpatrick à travers leur podcast Retour sur les Attentes, leur participation aux conférences, aux salons et webinaires, ainsi que sur LinkedIn.

Le modèle Kirkpatrick face aux autres modèles d’évaluation de la formation


Le modèle Kirkpatrick n’est pas le seul modèle de l’évaluation de la formation qui existe. D’autres spécialistes ont inventé d’autres modèles. L’utilisation d’un modèle n’exclut en rien la capacité à utiliser Kirkpatrick. Au contraire, certains modèles s’inspirent de Kirkpatrick aussi !

Le modèle ROI (Return on Investment) de Jack Philips propose un cinquième niveau à ajouter aux quatre de Kirkpatrick. Basé sur une approche très monétaire/financière, ce n’est pas un modèle que nous mobilisons, car l’évaluation du retour sur investissement est une démarche qui tend à isoler les acteurs et leurs contributions au projet de formation.

The Success Case Method de Robert Brinkerhoff propose cinq étapes pour définir ce qui a fonctionné et échoué dans un projet de formation. Kirkpatrick et Brinkerhoff sont notamment alignés sur le niveau 3 et l’importance accordée à l’accompagnement des apprenants suite à la formation. Kirkpatrick cite une expérience de Brinkerhoff dans leurs certifications.

Cycle de Construction et de Gestion Qualité d’Évaluation du Transfert (cycle CGQET) est une nouvelle méthode proposée par des chercheurs suisses et québécois. Leur objectif était de maximiser le transfert des acquis de la formation sur le poste de travail (niveau 3).

Un modèle qui mérite d’être généralisé


Le modèle Kirkpatrick, malgré son positionnement incontesté en tant que leader mondial, n’est pas encore utilisé de façon systématique et généralisé au sein du marché francophone de la formation professionnelle.

En France surtout, où les dépenses en matière de formation professionnelle sont colossales, au travers d’un système paritaire comprenant près de 100 000 organismes de formation, un focus sur l’efficacité des formations doit être au cœur de tous nos efforts.

Le modèle Kirkpatrick répond aisément à ces enjeux.